Championnat du monde de Duathlon 2021

Malgré les doutes, qui sont nécessaires car on n’est jamais sûr que tout ce que l’on a mis en place pendant des mois nous permette d’être au niveau de performance attendu le jour J.
Ces doutes sont nécessaires surtout quand on a en face des concurrentes de haut niveau, et potentiellement pour les championnats du monde, il y a 4 athlètes pour 3 places sur le podium.
Et surtout la championne du monde en titre : Eva Ribalta Ferrer (une spécialiste de la course à pied avec des temps de marathon à 2h50) . Tout peut arriver, et j’ai même eu envie de rêver, de décrocher la lune. Tous les signaux étaient au vert, excellentes sensations lors des entraînements et des compétitions, un entourage bienveillant, une sérénité au quotidien et surtout l’envie de réussir.
Et le jour J, le matin de l’épreuve, mon esprit se met en mode conquérant car je n’ai rien à perdre !
« On your mark, et la corne de brume sonne le début de cette course mémorable.
Je pars à fond, devant tout le monde, avec un premier kilomètre à 3min32. je fais le reste de la première CAP (course à pied) aux coudes à coudes avec Eva Ribalta Ferrer. Et là, nous comprenons que la bataille va être difficile.
On entre dans le parc à vélo ensemble et je ressors juste après elle. J’enfourche le vélo, je mets sans problème la chaussure droite (j’accroche toujours sur mon vélo mes chaussures pour la transition) et malheureusement lorsque que je veux mettre la chaussure gauche, elle se décroche et me voilà obligée de faire demi-tour pour aller la chercher. Mais je ne panique pas, je reste lucide et concentrée pour ne pas perdre plus de temps et d’énergie car il va m’en falloir pour rattraper la tête de course. Je fais attention de ne pas mettre toute mon intensité car il va falloir garder de l’énergie pour le reste de la course. Je les garde en ligne de mire, prends bien soin de mes trajectoires pour gagner mètre après mètre.
Il me faudra 5 km pour les rattraper et m’apercevoir que ma concurrente principale Eva ne voulait pas prendre de relais et restait bien derrière moi pour profiter de l’aspiration. J’ai tout de suite changé de stratégie et je l’ai forcée à prendre des relais quitte à perdre en vitesse moyenne et prendre le risque de nous faire rattraper par d’autres concurrentes : c’est soit ça ou j’utilise plus d’énergie qu’elle et la favoriser sur la dernière CAP.
Elle profite de retour sur nous d’un groupe de filles plus jeunes pour se cacher dedans sans prendre de relais, de mon côté je prends énormément de plaisir à rouler plus vite (34/35 km/h), le « kiffe » !!!
Eva prend les choses en main pour bien se positionner sur la fin du parcours vélo, les 2 derniers kilomètres en tête ! Je ne la laisse pas partir et je me mets bien derrière elle pour préparer également ma transition. Arrivées en même temps dans le parc à vélo, mais je sors juste avant elle au départ de la CAP 2.
Je sais que je suis juste devant, je passe le premier virage et je cherche le soutien visuel de mon plus grand supporter de toujours, mon conjoint : Christophe qui s’époumone en me voyant passer en tête et me crier que je suis première !!!
Et là, je cours de tout mon coeur, c’est dur pour tout le monde, je peux très bien juste gérer et prendre le risque de me faire rattraper par Eva qui est la championne en titre et me contenter de la deuxième place parce que sur le papier c’est peut-être elle la plus forte. Et je me bats mentalement pour me rappeler tout ce qui fait que je suis ici, les encouragements de mes proches, que quand on est déterminé à gagner, tout peut être possible et il faut donner le maximum pour ne jamais regretter.
La victoire est proche, et à cet instant là je me dis que c’est possible !!! Il reste 1km500, Eva est à 25 mètres derrière moi, je garde l’écart puis à 500 mètres je ne me retourne plus et je mets tout ce que je peux pour sprinter jusqu’à l’arrivée : la délivrance et l’aboutissement d’un rêve qui se concrétise, je suis « Championne du Monde » et c’est juste incroyable !
Je congratule à son arrivée Eva, qui me félicite également. Et je rejoins mon supporter et mon équipier de toujours, Christophe pour savourer ensemble ces instants et prendre conscience de tout ce que nous avons réalisé pour aboutir à cette belle victoire.